Salomé Leclerc laisse une marque caractéristique depuis désormais une décennie. Musicienne autodidacte, elle approche ses chansons de façon manuelle, artisanale, comme sur une table de travail, découpant aux ciseaux et reliant au scotch tape ses parcelles d’idées par les filons du hasard - des essais et des erreurs jusqu’aux heureux accidents. Elle développe un florilège de folk alternatif, perméable, aux tensions claires-obscures et aux allants rock, que les détours et les imprévus bonifient. De sa voix à la fois agile, chaude et mystérieuse, Salomé Leclerc raconte la mélancolie, le temps et l’horizon, en laissant de plus en plus de place à la lumière et la vulnérabilité.
Issue d’un lieu de terres et de forêts qui la traverse encore, la jeune Salomé qui jouait de la batterie dans la maison familiale devient en grandissant autrice-compositrice et décide de se consacrer entièrement à la musique. Elle signe avec Audiogram au Québec et Tôt ou tard en Europe. Enregistré à Paris avec la musicienne Emily Loizeau à la réalisation, Sous les arbres paraît en 2011 - un sensible et somptueux premier album qui lui vaut notamment une nomination comme Révélation de l’année à l’ADISQ.
Des tournées des deux côtés de l’Atlantique l’établissent déjà comme une nouvelle figure de la chanson contemporaine. Trois ans plus tard, elle revient avec 27 fois l’aurore (Audiogram / Tôt ou tard), qu’elle prend davantage en mains en le co-réalisant avec Philippe Brault. Empreint d’ambiances plutôt que de tableaux, ce deuxième album éclate davantage sa signature, augmentant de charges de guitares électriques et d’arrangements électroniques la fibre voilée qui lui est déjà propre. Les tournées se poursuivent, notamment en première partie de Vianney en France, et, arrimant son succès critique, elle reçoit entre autres les prix Félix-Leclerc et Rapsat-Lelièvre.
Pour Les choses extérieures (Audiogram), en 2018, elle entreprend d’assumer presque tous les rôles afin que ses chansons soient siennes encore davantage, signant la réalisation, les arrangements, et jouant de tous les instruments à l’exception des violons. Au milieu du studio où tous les micros ouverts en tout temps permettent de capter les précieux moments inattendus, elle complète un troisième album qui la représente à l’heure et l’endroit : venant de traverser trois ans de recherche en solo, à la fois épuisée et intégrale. Et, toujours plus, le jour s’immisce et les sentiments se révèlent.
La suite se présente déjà - une intense période d’écriture lui permet de laisser reposer des chansons pendant 6 mois et d’y revenir pour en retrouver l’essence. Comme un accès à sa personne plus que jamais, ce quatrième album continue de développer le singulier filon à la fois brut et arrangé d’une artiste établie qui apprend à se découvrir et se dévoiler à travers sa musique - une femme qui sait à la fois travailler sa solitude et exacerber sa présence en explosant doucement. Mille ouvrages mon cœur (Audiogram / Yotanka) est arrivé avec l’automne 2021.